STENDHAL SYNDROME de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII

Alors que les salles de cinéma sont fermées pour cause de pandémie, la réalisatrice Natacha Thomas a décidé d'explorer le syndrome de Stendhal en vidéo. À l'occasion de la réouverture des salles le 19 mai prochain, elle a choisi de filmer des professionnels du cinéma qui regardent le film qui a eu le plus d'impact sur eux, capturant leurs émotions face aux images qui défilent. Natacha Thomas s'est servie de l'Objectif Artistique Petzval 80.5 MKII qui a "totalement donné sa patte graphique au projet" et qui lui a permis de jouer avec le bokeh. Avec le court métrage STENDHAL SYNDROME, Natacha Thomas expérimente avec les lumières des salles obscures et rend hommage à une "industrie du rêve" essentielle.

Images du film "STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Bonjour Natacha, pourrais-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Bonjour, et tout d'abord merci de m'accueillir dans le magazine ! J'ai un parcours un peu atypique, comme beaucoup de réalisateurs en fait ;) .
J'ai d'abord commencé ma carrière dans le cinéma à la diffusion des projets des autres en étant Attachée de Presse. Une belle source de rencontres avec des réalisateurs talentueux et des projets à défendre.
J'ai naturellement "dévié" ma carrière vers la direction de production, une autre belle école pour apprendre la réalité qu’implique chaque choix de réalisation. J'oscille encore aujourd'hui entre ma vie de réalisatrice et des projets en tant de directrice de production et post-production.
Je n'ai commencé concrètement la réalisation qu'en 2017 avec mon premier court métrage RED TALE. Depuis j'ai réalisé 3 autres courts avec toujours le même plaisir d'expérimentations.

Qu'est-ce qui t'a poussé à devenir réalisatrice ?

Une envie de mettre les mains dans le moteur avant tout et comprendre. Je suivais depuis de nombreuses années des réalisateurs et des projets que j'aimais mais il me manquait toujours quelque chose. Peu à peu l'envie de raconter mes histoires, de montrer les images que j'avais en tête, est devenue bien plus qu'une idée parmi tant d'autres.
J'ai eu la chance que cette envie, une fois installée, se transforme rapidement grâce à l’énergie du "et pourquoi pas le faire on verra plus tard si c'est une bonne idée". C'est toujours le premier pas dans la nouveauté finalement qui est le plus compliqué. Je suis aujourd'hui ravie d'avoir sauté le pas.
J'ai eu la seconde chance qu'une équipe soit assez folle pour me rejoindre sur ce premier projet (et pour la plupart d'entre eux sur les films suivants jusqu'à maintenant).

Images du film "STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Comment est-ce que l'idée de "STENDHAL SYNDROME" t'est venue ?

J'ai été appelée par un groupement d'artistes de Marseille qui souhaitait initier des projets en soutien aux lieux culturels fermés en cette période de COVID. Cette initiative est un peu mise en pause de leur côté mais j'ai trouvé le point de départ très joli et important dans une période où on oublie la nécessité vitale de la culture.
Trop souvent on entend plus les critiques sur un film que les bons retours, on doit régulièrement justifier de nos coups de cœur, pas assez tel chose ou trop autre chose. Obtenir la caution de nos goûts en quelque sorte.
Fatiguée de cette tendance négative je voulais montrer à quel point il est bien plus vivifiant d'écouter, de regarder, des personnes vous parler d'un film qu'elles aiment. De ne pas chercher à débattre de leur choix mais juste s'intéresser à ce que le film transforme, appelle, chez eux. De voir leurs yeux briller. C'est globalement un leitmotiv bien plus enrichissant d'écouter les gens parler d'amour que de haine.
C'était l'idée avec STENDHAL SYNDROME : regarder à quel point le plaisir d'un film rend les gens beaux et émouvants.

Dans ton court métrage, tu filmes des personnes qui regardent un film. Est-ce que ce sont les figurants qui ont choisi les films qu'ils regardent ? Est-ce que tu les as filmés pendant tout le visionnage ?

Chaque participant a choisi son film et la séquence qui l'émouvait le plus, le rendait le plus heureux, lui donnait l'amour du cinéma, avait été une rencontre spéciale avec un film pour lui.
Ils ont été filmés sous 2 angles tout le long de la projection de leur extrait : un premier angle, seul, de face, puis une deuxième fois avec moi les cadrant sur le profil, parfois parlant avec eux du film en même temps sur cette deuxième partie.
Pas d'équipe de tournage, une salle noire fermée pour garder l'intimité créée entre eux et leur film.

"STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Pourquoi as-tu choisi de tourner ce film avec le Petzval 80.5 ?

J'ai eu la chance de tourner mon précédent court THE LATE MARILYN avec le Daguerreotype Achromat et je suis tombée amoureuse de la création avec les Lomography Art Lenses. L'expérimentation que ces objectifs supposent, la nécessité de revenir à une gestion du matériel plus précise tout en acceptant la surprise. J'avais des vues depuis quelques temps sur le Petzval et son contrôle de bokeh. Et STENDHAL SYNDROME était le projet idéal pour le tester.

J'ai été ravie de découvrir qu’il est particulièrement efficace en vidéo et que son utilisation se marie très bien avec les cameras Blackmagic Pocket d’ailleurs. Permettant une configuration matérielle légère et très discrète pour un projet où la caméra doit se faire oublier.
Et outre ses Bokeh surprenants sur certains plans, j'ai également découvert que le Petzval a un piqué très doux pour les peaux, qu'il magnifie les portraits même avec une lumière parfois violente. Il a un rendu de couleurs également très beau, toujours très doux mais fidèle.
Le Petzal 80.5 a totalement donné sa patte graphique au projet et j'espère le réutiliser très vite mais cette fois en lumière naturelle et couplé justement au Daguerreotype.

Images du film "STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur la mise en œuvre technique de ton court métrage ?

J'ai eu la chance que Kame House Colorgrading nous prête sa salle de projection, et que Poison Films et Renaud Duplessis me prêtent le matériel technique. Et après c'est surtout l'énergie des participants qui a fait le reste. Leur choix de film, leurs réactions. Aucuns ne sont acteurs, le tournage s'est plus adapté au maximum à eux que le contraire.

Le tournage en tant que tel s'est organisé sur 2-3 semaines de façon éparse les weekends, après le travail, où chaque participant avant un moment dédié. Ces séances de cinéma un peu spéciales étaient aussi pour une grande majorité un temps pour se revoir, profiter d'une bulle loin la situation actuelle un peu morose, boire un café.
J'ai eu la chance de pouvoir faire ce projet en filmant exclusivement des participants pour qui j'ai du respect, de l'amitié, des personnes dont j'ai envie que les gens découvrent la beauté que je sais d'eux.

Niveau organisation pure du tournage, il se découpait en 3 grosses parties : Une première projection de l'extrait choisi sur le participant et le mur derrière lui avec un retour pour qu'il puisse regarder le film en même temps. Une deuxième projection du même extrait (où le cas échéant d'un montage de moments iconiques du film choisi) toujours sur le visage mais cette fois avec moi dans la pièce les filmant. Un moment moins « sérieux » pour finir (et repartir dans la vie quotidienne) avec des plans en contre des participants immergés dans des espèces de vortex lumineux, et enfumés, projetés dans leur dos. Le tout en laissant tourner sans mettre en scène les participants, en les laissant réagir aux images, aux sensations.

Le projet s'est ensuite totalement construit au montage. Quelques heures de derush pour en sortir le moment où l'émotion est la plus "pure", où les visages, les corps sont les plus beaux. Puis la touche finale de l'étalonnage avec le travail fabuleux de Vincent Fawaz chez Kame House.

Images du film "STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Et toi, qu'est-ce que tu ressens quand tu regardes un film dans une salle de cinéma ?

Globalement c'est un rendez vous particulier, rien ne vaut de découvrir un film dans une salle, d'être immergée en lui, de créer un moment totalement dédié à sa découverte.
Cela donne une puissance aux images, aux sons, aux récits.
Nous n'allons pas voir un film comme nous consommons un film chez nous. Et ce n'est pas une question de matériels mais plus de "cérémonial". Aller au cinéma c'est un rendez vous que l'on prend, on sort de chez soit, on se mêle aux autres, on se coupe de la vie quotidienne, des distractions le temps que le film impose et on partage ses émotions.
C'est évidemment avec hâte que j'espère retourner vite en salle !

Tu expérimentes beaucoup avec les lumières comme celle du projecteur ou encore avec les contre-jours, quelle est la force de la lumière pour toi ?

J'expérimente depuis mon premier film la force de la lumière sur un récit. C'est la lumière et son travail qui m'ont amenée au cinéma et j'avoue trouver un vrai bonheur à m'amuser avec toutes sortes de matériel permettant de créer des effets de lumières et/ou de couleurs différents.

Pour STENDHAL SYNDROME ma seule source de lumière était justement ce projecteur. Le film se projetant sur les visages, la lumière et la couleur participaient à l'émotion des participants, se dessinaient sur eux en ombres, en mises en avant de leurs regards, de leurs sourires. Un maquillage mouvant en quelques sortes. C'était assez aléatoire pour chaque film ce qui rendait l'expérience assez drôle pour moi qui aime, d'habitude, contrôler les choix de couleurs et de lumières. Ici c'était le film choisi qui imposait son ambiance et donnait vie aux effets sur le visage.

C'est justement en testant ces projections que l'idée de faire des contres est d'ailleurs venue. Une façon de revenir à un contrôle de la couleur et du déplacement des lumières, de créer une lumière onirique tout en la raccrochant sensiblement à l'action de projection d'un film.

Images du film "STENDHAL SYNDROME" de Natacha Thomas réalisé avec le Petzval 80.5 MKII.

Des projets à venir dont tu aimerais nous parler ?

STENDHAL SYNDROME était une parenthèse enchantée très reposante alors que j'écris en ce moment mon premier long métrage SAUDADE. Une relecture du mythe de Orphée et Eurydice avec une dose de Jack L'éventreur dans les décors de la Catalogne Française et Espagnole.
Également quelques autres films courts qui vont utiliser sans nul doute les objectifs Lomography cette année sont à prévoir ;)

Encore Merci de l’invitation !


Merci Natacha ! Pour en savoir plus sur STENDHAL SYNDROME, rendez-vous sur le site de Natacha Thomas. N'hésitez pas à suivre la réalisatrice sur Vimeo et Instagram.

Découvrez le Petzval 80.5 MKII pour des images à l'esthétique unique. Idéal pour les vidéastes et les photographes, cet Objectif Artistique est disponible sur la boutique en ligne Lomography.

écrit par florinegarcin le 2021-05-12 dans #équipement #Gens #vidéos #petzval-80 #natacha-thomas

New Petzval 80.5 mm f/1.9 MKII SLR Art Lens

Le New Petzval 80.5 mm f/1.9 MKII Art Lens a été conçu pour les photographes et vidéastes qui utilisent les appareils reflex argentiques comme numériques. Il a un mécanisme de mise au point hélicoïdal et un diaphragme d'ouverture sans butée ainsi qu'un système d’ouverture Waterhouse. Cet objectif est disponible en montures Canon EF et Nikon F. Le New Petzval 80.5 MKII est aussi disponible en version Advanced Bokeh Control avec une bague dédiée au contrôle de bokeh.

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